Layrou, lâché en Aveyron en juin 2013, vient de réaliser un étonnant déplacement vers le Nord-Ouest de la France.

Les données GPS ont été transmises lundi 2 juin par son émetteur, nous permettant de prendre connaissance de ses mouvements (carte ci-dessus) :

Le 23 mai, en fin de matinée, il quitte les Grands Causses et entame une remontée en direction du Nord-Ouest. Est-ce l’épisode de vent très fort qui le pousse à quitter ce secteur dans cette direction (vent du Sud du 21 au 23 mai, de 25 à 50 km/h en moyenne avec des rafales atteignant jusqu’à une centaine de km/h sur le causse Méjean et sommets alentours)?

Le 24, en milieu de journée, il est déjà à quelques kilomètres à l’Est de Périgueux, il survole Poitiers le 25 mai et le Sud-Ouest de Caen le 30.
Il atteint finalement l’extrême pointe Ouest de la Bretagne et se pose sur la presqu’île de Crozon, le 2 juin (entre la Pointe des capucins et Pointe des espagnols).
La presqu’île de Crozon se trouve dans la rade de Brest. Isolée par des falaises, elle est peu cultivée et laisse régner une lande d’ajoncs. Les positions transmises par la balise correspondent à un secteur de grands pins noirs au milieu d’une zone humide. Quelques pins noirs morts proposent notamment de beaux perchoirs. (photo ci-contre – Crédit : © Virginie Schmitt)

Sur place, les observateurs locaux ont été très réactifs et se sont déplacés à plusieurs reprises sur le site afin d’essayer d’observer Layrou, pour s’assurer de son bon état de santé et pour prendre connaissance du milieu utilisé par le jeune Gypaète. Malgré leurs efforts, ils n’ont pas pu l’observer, Layrou se déplaçant certainement depuis la transmission de ses dernières positions.
Puis, il repart le 3 juin en direction du Sud Est et des Grands Causses.

Layrou était présent dans le sud du Massif central jusqu’à cet important déplacement vers la Bretagne et n’avait effectué que quelques vols dans les secteurs limitrophes aux Grands Causses (Cantal, Massif du Sancy, Montagne noire dans le Haut-Languedoc…).
Des tels déplacements ne sont pas rares lors de la phase de dispersion des vautours. D’autres jeunes gypaètes lâchés dans l’arc alpin ont eux aussi effectué des déplacements erratiques en région parisienne ou encore jusqu’en en Charente.

Les gypaètes se nourrissent essentiellement d’os, qui sont issus des carcasses de la faune domestique ou de la faune sauvage (d’ongulés notamment).
En dehors de l’aire de répartition de l’espèce (massifs pyrénéen, alpin et Grands Causses), notamment lors de ces grands trajets, ils se nourrissent en fonction des opportunités et donc plus ponctuellement : cadavres de la faune sauvage

Layrou a réalisé une belle démonstration de ses immenses capacités de vol et de déplacement. Comme tous les grands rapaces planeurs, le Gypaète barbu exploite, même en dehors des massifs montagneux, les ascendances et courants d’air chaud pour évoluer. Il a donc profité d’une aérologie très favorable en cette période pour gagner le Nord de la France.

Nous remercions les observateurs locaux Virginie Schmit, Yannig Coulomb (Réserve Naturelle des Sept-îles), Gilles Bentz (Station Île Grande – LPO) et Erwan Cozic pour leur réactivité, leur mobilisation et leur aide sur le terrain. Merci aussi à Guy Joncour et Michel Terrasse pour le relai vers les contacts.

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