Voilà un peu moins de deux années que le premier lâcher de gypaètes barbus a eu lieu dans les Grands Causses et un troisième est en cours de préparation. Nos trois casseurs d’os, Cardabelle (BG 719), Basalte (BG 716) et Layrou (BG 761) se portent à merveille. Nous revenons ci-dessous sur leur évolution :
La progression de Basalte et de Cardabelle est similaire jusqu’au printemps 2013, lorsqu’ils quittent le sud du Massif central à deux jours d’intervalle, et rejoignent respectivement d’autres congénères dans les Alpes et les Pyrénées.
(crédit photo : Thierry David©)
Cardabelle, toujours présente dans les Pyrénées
Cardabelle franchit, la première, la vallée de l’Aude le 13 mai 2013 et atteint les Pyrénées ariégeoises. Depuis bientôt un an, elle arpente le noyau central de la population de gypaètes barbus sur le versant sud des Pyrénées. Elle y fréquente des réserves riches en faune et différents sites de nourrissage espagnols.
Les balises GPS transmettent les positions des oiseaux pendant un an-et-demi en moyenne, fournissant ainsi de précieuses informations sur la vie des jeunes gypaètes émancipés. Nous recevons très peu d’observations de Cardabelle. Heureusement pour nous, sa balise GPS fonctionne toujours et transmet régulièrement les coordonnées de ses positions. Ainsi nous pouvons encore suivre ses déplacements grâce à cet outil : http://rapaces.lpo.fr/gypaete-grands-causses/le-suivi-des-oiseaux
Carte du suivi GPS de Cardabelle (dernières données, du 29/03/2014)
Basalte, de retour dans les Grands Causses
Basalte file quant à lui vers les Alpes le 14 mai 2013 et gagne les premiers reliefs du Vercors en quelques heures. Il élargit sa zone d’exploration et prend de l’altitude, du printemps à l’automne 2013, sur les massifs de Savoie, de Haute-Savoie (Observé au Mont-Blanc, à La Giettaz, à proximité du lac de Peyre,… ) et de Suisse (observé dans le Cantons du Valais, à Chaux d’Antème, …). Après la perte de sa balise GPS début juin 2013, les nouvelles de Basalte sont moins régulières.
Il est encore observé en Suisse le 19 octobre avant d’être de nouveau vu dans les Grands Causses le 29 octobre 2013 ! (Observation : Jean-Louis Pinna). Il crée la surprise de son retour et l’espoir d’une connexion inter massifs se concrétise !
Basalte passe l’hiver dans les Causses avec Layrou. Les deux gypaètes sont observés en vol sur les mêmes sites et fréquentent les reposoirs dans des falaises proches de Meyrueis, non loin du site de lâcher lozérien. Il est étonnant de constater que ces mêmes reposoirs étaient utilisés par Basalte et Cardabelle durant tout l’hiver suivant leur lâcher. Ce site serait-il particulièrement propice aux gypaètes ? Aucune interaction agressive n’est observée entre les deux jeunes mâles. Layrou tente à plusieurs reprises de se poser à côté de Basalte pour passer la nuit, mais ce dernier ne semble pas vouloir lui céder de la place.
Tout au long de l’hiver, les observateurs locaux nous informent de la présence régulière de Basalte dans le secteur du site de lâcher lozérien. Basalte a été vu pour la dernière fois le 26 mars 2014, près de Meyrueis (Lozère). Peut-être est-il reparti depuis vers un autre Massif, poussé par les forts coups de vent du sud du début du printemps ?
Layrou explore la Jonte, la Dourbie et le Tarn
Quant à Layrou, il explore toujours les Grands Causses, entre Aveyron et Lozère, mais ne semble pas, pour l’instant, pousser ses pérégrinations au-delà.
Carte du suivi GPS de Layrou (dernières données, du 27/03/2014)
Les secteurs dans lesquels il est souvent identifié sont les gorges de la Dourbie et les gorges de la Jonte, qu’il arpente dans ses recherches de nourriture. Il a notamment été observé à plusieurs reprises par la LPO Grands Causses sur le charnier de Cassagnes, où il se mêle aux vautours fauves et moines pour venir récupérer quelques os.
Les dernières observations de Layrou : sur le charnier de Cassagnes le 7 avril 2014 (Thierry David, LPO Grands Causses) et la 10 avril 2014, près de Chanac en Lozère (André Brocard).
Nous sommes en attente du comportement que va adopter ce jeune gypaète au printemps. Va-t-il quitter les Grands Causses comme ses congénères lâchés en 2012 et entamer une phase erratique ? Ou, va-t-il rester vivre aux abords du site de lâcher ?

(Crédit photo : André Brocard ©)
Nous pouvons déjà constater des divergences dans l’évolution et le comportement de chacun des oiseaux émancipés. Mais, leur état de santé, l’apprentissage, la maîtrise du vol, la qualité des perchoirs nocturnes de ces trois gypaètes sont bons et ils ont su parfaitement s’adapter à leur milieu naturel caussenard.
LPO Grands Causses
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